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Mémoires d'un lit
27 avril 2009

Première critique…

Objets inanimés avez-vous une âme, vous qui êtes les témoins privilégiés de la vie des hommes et qui traversez parfois les siècles ? Chantal Malignon, comédienne, auteur dramatique et romancière, explore, entre autres, cette déclinaison lamartinienne de la mémoire dans un roman éblouissant "Mémoires d'un lit". Un roman écrit à la première personne du singulier par un narrateur singulier, un lit, et comme l'homme passe au moins un tiers de son temps à dormir, ce témoin muet doué de conscience a bien des choses à découvrir et à raconter. Sans verser dans l'anthropomorphisme lénifiant ou ésotérique, Chantal Malignon donne la parole, ou plutôt la plume, à ce lit doté d'une conscience aigue de ce qui l'entoure et d'une forte personnalité au point de manfester sa présence et vouloir influer sur les rêves de ses dormeurs, et qui va connaître un destin mouvementé après des débuts picaresques, pour évoquer les destins croisés, les amours défuntes et les secrets de la vie. Son histoire commence de manière brutale, dans l'Espagne rouge et noire, par l'assassinat d'un chêne dans la jeunesse de son âge, qui heureusement ne connaîtra pas le triste sort du grand chêne de Brassens, avant la mise au monde par un rude ébéniste qui lui fera connaître les premières étreintes tumultueuses qui animent les humains. Car l'amour est au centre de ce lumineux roman au verbe poétique et romanesque, qui sait se colorer pour décrire l'exultation des corps et comporte des pages d'une éblouissante beauté, l'amour ce grand mystère que le lit cherche à comprendre au gré de ses occupants successifs. Il y aura la première, l'unique, l'évanescente et envoûtante Alicia, la douce qui lui apprit le français en lisant des romans à haute voix, les ruades de Pounette dans la France de mai 68 qui se révolte contre la vie de pauvre, la langueur d'Albert le jeune fils de bourgeois qui cacha dans son matelas sa trompette symbole d'un rêve abandonné, les amours plurielles de Mireille pour oublier un amour impossible. Et puis le dévoilement avec Jules et Marceline : "La révélation, l'amour, le vrai, le grand m'était offert par ces deux vieux.(…) L'amour venait de loin se jeter dans les yeux de l'autre et repartait grandi, se refléter partout". MM pour Froggy's Delight, avril 2009
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